Actualités of Monday, 13 August 2018

Source: DETECTIVE N°1055

Etoudi 2018: la partie s’annonce serrée

Un brouillard épais risque de perturber le boulevard qui s’ouvre au RDPC Un brouillard épais risque de perturber le boulevard qui s’ouvre au RDPC

Elections Cameroon (Elecam) avait jusqu’au 8 août dernier pour livrer sa
copie, mais l’organe chargé de l’organisation et de la supervision du processus électoral et référendaire au Cameroun a préféré couper court. L’institution dirigée par Erik Essousse a rendu public le 7 août 2018 au Palais polyvalent des sports de Yaoundé, le fruit des délibérations du
Conseil électoral, présidé par Enow Abrams Egbe. Sur les 28 dossiers de
candidature déposés, 27 ont effectivement été examinés, suite au désistement
délibéré d’Isaac Fezeu, 18 rejetés pour divers motifs et 9 validés.

Il s’agit respectivement des candidats, Biya Paul du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), Garga Haman Adji de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD), Kamto Maurice du Mouvement
pour la renaissance du Cameroun (MRC), Libii Li Ngué Ngué Cabral de l’Union nationale pour l’intégration vers la solidarité (Univers), Matomba Serges Espoir du Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS), Muna Akere Tabeng du Front populaire pour le développement (FPD), Ndam Njoya Adamou de l’Union démocratique du Cameroun (UDC), Ndifor Afanwi Franckline du Mouvement citoyen national camerounais (MCNC), Osih Joshua Nambangi du Social Democratic Front (SDF).

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Opposition entre Joshua et Kamto

Dans les différents états-majors des désormais présidentiables, la joie était perceptible sur les visages. Avec plus d’assurance, les leaders politiques et non moins admis d’Elecam d’une part et du Conseil constitutionnel d’autre part, affirment aborder l’avenir avec sérénité et davantage d’ardeur au travail sur le terrain, notamment pour ce qui est de l’opposition. Les challengers de Paul Biya, président sortant et candidat à sa propre succession, savent que le tri sélectif opéré par Elecam peut leur être favorable s’ils sont bien structurés.

Les regards sont plus que jamais tournés au sein de l’opinion vers une coalition forte de l’opposition. Du moins, celle qui pourrait réunir sur la même table, Joshua Osih, Maurice Kamto, Cabral Libii, Akere Muna et Adamou Ndam Njoya. Autrement dit, l’opposition va-t-elle présenter une candidature - pas nécessairement unique face à Paul Biya - mais un challenger porté par une partie des ténors sus relevé ? Difficile pour l’heure d’accorder du crédit à un tel scénario, tant le pessimisme de certains leaders sur ce sujet traduit à suffisance l’égoïsme des uns et des autre.

La preuve est que Maurice Kamto, invité sur Equinoxe TV la semaine dernière,
déclarait au cours du journal télévisé qu’«il ne faut pas s’attendre à une candidature unique de l’opposition, car le pouvoir peut toujours susciter des candidatures». Le président du MRC ajoutait que personne, mieux que lui, ne veut cette coalition, et qu’il rendrait public après le 8 août 2018, le fruit de ses multiples démarches en vue d’une candidature consensuelle
des challengers de Biya.

Une légère ambigüité tout de même dans la sortie du président du MRC qui, a
priori, n’augure pas une large et forte coalition de l’opposition. Cette appréhension est d’autant plus renforcée et justifiée que le courant est loin d’être le moins électrique entre Joshua Osih et Maurice Kamto. Les deux hommes se crêpent le chignon par médias interposésdans une bataille de leadership amplifiée par leurs militants et sympathisants respectifs. Cette joute à distance fait en réalité émerger les égos de Joshua et Kamto, au détriment d’un intérêt global de l’opposition.

Le premier, drapé sous la bannière du SDF, estime qu’il est historiquement
et politiquement le candidat idéal pour une éventuelle coalition de l’opposition. Le parti de Ni John Fru Ndi compte plus d’élus opposants dans les deux chambres du Parlement et revendique 28 ans de lutte acharnée contre
le régime de Paul Biya. Hors de question donc pour le SDF de diluer son prestige dans un projet de candidature unique où le «tireur de pénalty»
serait quelqu’un d’autre que son candidat à la présidentielle.

Le second, convaincu de l’échec de la vague des partis politiques des années
1990 face à l’homme du 6 novembre 1982, estime être ce visage nouveau,
capable d’incarner les aspirations de la nouvelle opposition. L’intéressé ne l’avoue pas publiquement, mais il est fort évident qu’une entente entre Maurice Kamto et Joshua Osih relève plus d’un mythe. A la limite, une rêverie à laquelle refusent de se prêter les observateurs avertis de la scène politique camerounaise.

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Les recalés sollicité

Or, il n’en demeure pas moins que partie du 7 octobre s’annonce serrée, en dépit de l’hostilité et l’inimitié politique entre ces deux poids lourds de l’opposition. D’autres candidats de l’opposition ayant vu leur candidature validée par Elecam peuvent rejoindre l’un ou l’autre camp pour une coalition qui «compte» en vue de l’échéance électorale du 7 octobre. Il suffit de regarder la côte de popularité et la sympathie certaine de Cabral Libii (38 ans) auprès d’une frange importante de la jeunesse pour s’en rendre compte ; ou encore de la capacité de mobilisation du bâtonnier Me Akere Muna qui s’est illustré de manière remarquable sur le terrain avec son mouvement
«NOW» lancé à moins d’un an de la présidentielle.

Le Dr. Adamou Ndam Njoya pourrait également avoir un mot à dire dans ces
tractations stratégiques en cours vers Etoudi, son parti ayant fait du Noun,
dans l’Ouest du pays, un bastion quasi imprenable de l’UDC. Si les projecteurs sont naturellement braqués sur les 8 opposants présents sur la liste d’Elecam, force est de souligner que l’opposition dispose également des cartes parmi les recalés et les résignés à la candidature. Ils sont nombreux dans cette liste à pouvoir mobiliser autour d’un candidat de l’opposition en lice et faire un score honorable.

C’est dire au demeurant qu’un brouillard épais pourrait envahir le boulevard, qui semblait pourtant ouvert au RDPC, avec la flopée de candidatures de l’opposition enregistrées au départ. A condition que
l’opposition s’organise mieux, et sache capitaliser la mise à l’écart des
figurants par Elecam.